Le Kendo à travers les ages

Il est difficile de dire précisément quand et comment le Kendo est apparu. Il n’a pas été créé et développé par une seule personne. Le Kendo dans sa forme traduite veut dire : Voie du Sabre

  • KEN = SABRE
  • DO = LA VOIE

Le sabre, provenant de la Chine, fut introduit au Japon aux alentours du IIème siècle. A cette époque, le sabre était, dit-on, un objet rituel qui symbolisait l’autorité de son propriétaire plutôt qu’une arme. La catapulte et l’arc étaient alors utilisés pour la chasse et le combat lors des conflits de groupe au cours de la période d’unification nationale.

Vers les VIIème et VIIIème siècles, on commença à forger des sabres au Japon. Après le IXème siècle, le prototype du sabre japonais ( Nihon-to ) fut créé lorsque la classe sociale des Bushi fut instaurée. Des techniques variées de forge et de combat au sabre se développèrent, mais sur le champ de bataille, les sabres de plus de six pieds et les lances restèrent jusqu’au XIVème siècle les armes principalement utilisées.

Les années qui suivirent furent marquées par plusieurs guerres civiles. En cette même époque apparurent les premières écoles de Kenjutsu. Elles étaient chacune caractérisées par un style unique, issu du maître du maniement du sabre qui en était le fondateur.

Etant donné que les guerriers Samouraï étaient la seule classe autorisée à porter le sabre, maîtriser ce dernier devenait indispensable pour tout Bushi. Le sabre représentait alors littéralement l’esprit du Samouraï.

Sous le Bakufu, les écoles de Kenjutsu ou Ryu se multiplièrent et préparaient à l’éventualité d’un véritable combat. La méthode centrale d’entraînement consistait alors à l’utilisation d’exercices pré-arrangés nommés Kata pratiqués au sabre ou au Boken ( sabre en bois ). Le combat à mort était l’ultime test d’habilité pour le Kenshi.

Durant les siècles relativement paisibles de l’époque Tokugawa ( Période Edo : 1603-1867 ), les combats sur champ de bataille furent révolus et le duel privé avec vrai sabre fut interdit, sauf autorisation spéciale du gouvernement. Le Taryu jiai (engagement au boken entre kenshi de ryu différents) fut finalement également interdit en raison des affrontements qui se soldaient par de sérieuses blessures et parfois même par la mort.

A défaut de ces deux armes, ont créa et commença à utiliser le Shinaï ( sabre en bambou ) dans la deuxième moitié du XVIème siècle. L’utilisation du Shinaï se popularisa et les différentes pièces de l’équipement protecteur firent leur apparition ( le Bogu ou l’armure de protection que l’on reconnait encore aujourd’hui ). On créa le Shinaï Geiko qui prit de plus en plus d’importance à l’entraînement. C’est un précurseur direct du Shinaï dans le Kendo moderne.

Le terme de Kendo fut employé pour la première fois vers 1668 par Abe Gorodayu, fondateur de l’Abe Ryu, et par Yamanushi Renshinsai, fondateur du Heigo Muteki Ryu à la même époque.

Peu à peu, le kendo devint populaire même chez les personnes n’appartenant pas à la classe des Bushi. Plus de 500 Ryu spécialisés en entrainement du Shinaï furent créés.

En 1867, à la fin de l’ère d’Edo, la classe des Bushis s’éteint et le port du sabre fut interdit. Durant cette ère Meiji, la culture occidentale prit le pas sur la culture traditionnelle, ce qui fit perdre aux arts martiaux les faveurs du public. Mais certains groupes résistèrent et n’abandonnèrent pas leurs pratiques martiales.

Finalement, afin de pouvoir rivaliser avec les Grandes Forces mondiales et pour maintenir l’héritage culturel, le gouvernement créa la section Kendo de la police de Tokyo, ce qui redonna de la  popularité à cette discipline.

En 1895, le Daï Nippon Butoku Kaï ( Association pour le maintien des vertus martiales japonaises ) contribua à perpétuer les arts martiaux classiques et particulièrement le kendo.

En 1906, la section Kendo du Butoku Kaï réunit une commission technique afin de créer un Kata standard de Kendo résumant la base technique des principaux courants.

En 1909, la pratique du Kendo fut encouragée dans les milieux universitaires, et en 1912, la commission annonça la création du Daï Nippon Teïkoku Kendo Kata ( Kata de Kendo du Grand Japon Impérial ) qui comprend sept techniques au grand sabre et trois au petit.

En 1941, le Kendo devint obligatoire dans les écoles primaires. Le Kendo prit une couleur nationaliste et subit une sorte de militarisation.

Après la deuxième guerre mondiale, le Kendo souffrit d’un revers majeur : considéré comme non démocratique par les forces d’occupation, il fut banni et le Butoku Kaï dissout.

En 1952, le Butoku Kaï fut re-ouvert et la Fédération Japonaise de Kendô fut créée. La période de la Guerre Mondiale fut purgée de sa forme militaire pour y promouvoir l’éducation physique afin de développer chez les jeunes le corps et l’esprit.

Néanmoins le Kendo est avant tout l’identité même du Japon : au dela de son aspect premier féodal, c’est un art martial qui a ses règles stricts faisant références à la culture profonde de ce pays :

  • respect de soi-même
  • respect du Maître ou Senseï
  • respect d’autrui et des adversaires
  • respect de ses ancêtres
  • respect des plus anciens, mais aussi des plus jeunes
  • attitude et comportement de soi

Aujourd’hui le Kendo a dépassé la simple panoplie du Samouraï, et reste un Art Majeur dans l’histoire Nippone et depuis 1970, le Kendo a trouvé ses adeptes en dehors du pays du Soleil Levant. Des pays comme le Canada, l’Allemagne, l’Angleterre, les Etats-Unis, la Corée, le Brésil, la France, et plusieurs autres pays pratiquent le Kendo.